Résumé. Selon la théorie lacanienne chez les psychotiques le symbolique est en carence car cette opération de renvoi, propre à la catégorie du signifiant, est défectueuse du fatigue le désir de la mère est resté pour l’enfant sans médiation par la fonction du père en tant que tiers de la relation mère-enfant. Dans la schizophrénie (et certaines psychoses délirantes en général) dans des conditions spécifiques, la fonction du signifiant tombe en panne et le monde du schizophrène devient ainsi un monde où plusieurs événements sont énigmatiques et lui font signe. Le schizophrène essaie de pallier à ces signes qui l’envahissent, entre autres, par une humeur délirante et par l’apathie. Ces deux versions d’attitude correspondent à des processus stéréotypés (et humoraux) par lesquels le schizophrène essaie d’éviter l’angoisse que l’énigme du désir de l’Autre lui pose, et – en même temps – à des processus psychosomatiques de l’organe cerveau. Nous évoquons quelques mécanismes neurobiologiques qui pourraient être en rapport avec ces processus psychosomatiques.
Neurosciences
Métamorphoses chimiques du sujet: une autre histoire de la psychopharmacologie
Résumé. L’immense majorité des études sur l’histoire de la psychiatrie se consacre à une période qui débute à « l’âge classique » et finit à la fin du xixe siècle. Notre analyse historique, aborde la production de la médecine mentale au cœur du xxe siècle. Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les propriétés de multiples substances supposées agir sur l’esprit furent intensément explorées, analysées, codifiées et instrumentalisées. Nous verrons comment initialement ces substances visaient surtout l’exploration d’une vérité supposée du sujet par l’induction de la parole. Nous aborderons ensuite la généalogie et les particularités des expériences avec la chlorpromazine, dite neuroleptique. En quelques années, ces expériences ont forgé de nouvelles pratiques et de nouveaux discours sur le pouvoir des drogues, sur la maladie mentale et sur le sujet, qui perdurent jusqu’à nos jours au moins sous deux formes : une disciplinaire, la psychopharmacologie et l’autre transgressive, la toxicomanie moderne. Aujourd’hui, les substances psychoactives et leurs effets traversent une crise. Leurs promesses d’efficacité et leurs postulats s’essoufflent. Une neuroscience d’un néo-localisationnisme marqué par l’imagerie de sièges et de circuits cérébraux semble alors prendre le relais. Cet article tente d’expliciter comment et en quoi consistent ces transformations qui, bien au-delà de la psychiatrie moderne, ont profondément marqué les hypothèses, les pratiques et les représentations, tant de la maladie mentale que de la construction du sujet contemporain.