Peut-on évaluer le travail inestimable ?

Résumé

Cet article présente le contexte pratico-théorique dans lequel s’est posée aux auteur.es du numéro la question de l’évaluation du travail inestimable, un concept proposé par Jean Oury qui met en tension l’éthique du care et la rationalité économique. Cette question en effet s’inscrit dans une démarche collective qui associe dispositifs de soins et dispositifs de recherche-action avec la volonté de formaliser des pratiques actuelles situées entre accompagnement et soin en une « monographie collective ».

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Du travail thérapeutique au travail inestimable. « Ne pas distinguer la théorie pure de ce qui se passe »

Résumé

Cet article articule le travail thérapeutique tel qu’il est discuté dans les années 1960 par les psychiatres du mouvement de la psychothérapie institutionnelle avec le travail inestimable conceptualisé par Jean Oury dans les années 2000 en réponse à l’évaluation gestionnaire. Le travail inestimable s’entend au niveau thérapeutique, économique et éthique. Cette dernière dimension apparaît liée à la montée en puissance d’une démarche perfectionniste dans le soin dont l’élaboration et la transmission sur plusieurs décennies autour des notions de vie quotidienne et de fonction soignante s’imposent devant l’analyse d’autres versants de l’activité liés aux rapports hiérarchiques et à la division du travail entre salariés, analyse également indispensable, mais qui est laissée à d’autres.

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Christophe, un gemeur qui trame

Résumé

Ce texte présente la Trame, un dispositif d’accueil, d’accompagnement et d’échange pour les personnes en souffrance psychique, leurs proches et les professionnels du Nord-Ouest de la Seine-Saint-Denis. Il a été pensé comme une composition, à deux voix, entre Christophe Lescot, un gemeur de Saint-Denis également bénévole au sein de la Trame, et l’un des animateurs de ce dispositif. Il fait suite à une intervention réalisée auprès de soignants du pôle Paris Centre en mars 2019. L’article revient sur la naissance, la vie et les pratiques de la Trame à travers le regard et la trajectoire d’un de ses bénévoles. Revenant sur l’ouverture récente du local de la Trame, le texte essaie de donner à voir certaines pratiques en réseau à l’œuvre sur ce territoire, qui tentent de s’inscrire dans des logiques d’entraide et de solidarité tout en soutenant une certaine politique de l’accueil.

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Ce que disent les usagers·ères et professionnel·le·s des Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM) du travail inestimable

Résumé

Les Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM) sont des associations de personnes en fragilité psychique, dont l’objectif est de lutter contre leur isolement social et, plus largement, d’encourager leur autonomie. Les animateurs et animatrices salarié.e.s qui y travaillent contribuent grandement à faire de ces lieux des endroits de développement de la personne et de la citoyenneté des individus. Ce travail ne doit pas être réduit à ses aspects les plus visibles (organisation générale du lieu et de ses activités), mais comprend aussi des dimensions humaines, sociales et psychologiques essentielles pour la bonne santé du groupe. Cet article examine les formes que peut prendre le « travail inestimable » au sein des GEM, en s’appuyant sur une revue de littérature des textes écrits par des chercheur·se·s et des acteurs et actrices (adhérent·e·s, animateur·rice·s, psychologues…) des GEM. En conclusion, il dégage différentes caractéristiques du travail inestimable au sein des GEM, afin d’en affiner la compréhension et l’observation.

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Œuvre et poésie dans un atelier d’écriture en psychiatrie

Résumé

Ce texte présente une recherche doctorale autour de la notion de poésie ayant comme base théorique le mouvement de la psychothérapie institutionnelle. Nous nous demandons quelle est donc «l’œuvre» produite dans un atelier d’écriture en psychiatrie. La recherche s’est basée sur une approche qualitative, avec deux outils méthodologiques : quatre entretiens avec des professionnels qui animent des ateliers en psychiatrie ainsi qu’un atelier d’écriture d’une durée de six mois dans une association pour des personnes ayant des troubles mentaux. Le texte présente la manière dont un participant investit l’atelier et indique comment le théoriser en tant qu’« œuvre ».

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De l’argent à l’inestimable, que gèrent les clubs thérapeutiques?

Résumé

Après avoir détaillé l’émergence du Club Thérapeutique de l’hôpital de Saint Alban, l’article s’attache à suivre les circuits économiques concrets, dans les travaux qui décrivent les fonctionnements des Clubs, ces outils reconnus pour générer un travail de désaliénation inestimable. Sont repérés, d’un point de vue clinique, la place des échanges supportés par les diverses socio et ergothérapies qu’ils organisent et l’apport de la liberté de circulation entre des espaces articulés, au plus près du terrain quotidien. La notion de monnaie introduit une triangulation de ces échanges (constitutifs, eux, de ce que les auteurs appellent Institution), et les circulations et manipulations d’argent suscitent et provoquent des échanges de parole. Approchant un modèle coopératif auto-géré, ces Clubs relèvent de la loi de 1901. Cet accès à une personnalité juridique autonome favorise le développement de « thérapeutiques actives ». Le “fil de l’argent”, guide de cette description, peut-il être utile à l’évaluation d’autres travaux inestimables ? 

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L’inestimable dans la relation de soin : une perspective d’économie politique

Résumé

Cet article propose une analyse d’économie politique de l’inestimable dans la relation de soin à travers son négatif : l’industrialisation des soins. L’industrialisation se donne à voir à travers les réformes visant à réguler les pratiques professionnelles autour du respect de standards quantifiés de qualité des soins. Tout se passe comme si le soin était un produit homogène facilement réplicable d’un patient à un autre, indépendamment de leurs singularités. En guise d’illustration l’article s’intéresse aux récentes évolutions de la régulation de trois secteurs : la médecine libérale, l’hôpital et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Si cette industrialisation peut paraître irrationnelle (car elle produit de nombreux effets pervers sur la qualité des soins et sur les professionnels du soin), nous essayons de la replacer dans le cadre des transformations du capitalisme. Reprendre le contrôle sur le travail (via l’industrialisation des soins) est un moyen de déployer les logiques capitalistes.

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